Prats de Mollo – La Preste : Voyage intra muros
Depuis la place du Foiral, baignée par l’ombre des platanes, empruntez le pont d’Espagne qui enjambe le Tech né au pied du Costabonne dans la Réserve Naturelle de Prats-de-Mollo-la-Preste.
Inauguré en 1938, ce pont retentira des pas des milliers de réfugiés espagnols ayant franchi les cols frontaliers lors de la Retirada, à la fin de la guerre civile espagnole. À l’extrémité du pont, le Cami de la Retirada, ancien chemin de l’exil, vous attend pour une future découverte-mémoire vers le Col d’Ares. Tournez à gauche et admirez le panorama sur la ville fortifiée : les murailles séculaires du front sud, en partie arasées dans les années 1920, ouvrent leur perspective sur l’alignement anarchique des façades colorées, les lignes de fer des balcons et l’échelonnement des toitures en grappe. En arrière-plan, se répondent la pyramide du haut clocher de l’église paroissiale et la tour circulaire du Fort Lagarde, enserrée dans son corset de défense dessiné par les ingénieurs héritiers de Vauban à la fin du XVII° siècle.
Après le parking de la Fontaine Elisabeth, qui rappelle l’importance des sources comme points de ponctuation dans la ville, empruntez la passerelle qui domine les vestiges de l’ancien pont médiéval, en grande partie détruit lors de l’Aiguat de 40.
La puissante Porte d’Espagne, cernée par des ouvrages massifs, témoigne de l’importance de cette entrée qui ouvrait autrefois sur le centre névralgique de la ville.
Avant d’emprunter la rue commerçante sur la droite, prenez le temps de flâner dans la Ville Haute qui s’ouvre après le Portal del Rector, juste au pied du cours d’eau de la Guillema qui la sépare de la Ville Basse. Les larges calades de la rue des Rois d’Aragon, dont le nom rappelle le statut séculaire de Ville royale, résonnent encore du cliquetis des sonnailles des brebis en transhumance vers les pâtures.
N’hésitez pas à vous perdre dans le labyrinthe des ruelles et des chemins de ronde vers la minuscule carrer del Pati ou la place de la Vila d’Amunt. La vue sur le Fort Lagarde et la Tour carrée y est imprenable.
Au départ de la Porte de la Fabrique, profitez de l’originalité des galeries d’accès ou du sentier ombragé pour y monter et y bénéficier d’autres points de la vue sur la ville. En attendant, levez les yeux vers les corniches, les anciens fours à pain situés en hauteur, les encorbellements de l’habitat traditionnel de cette partie de ville où résidait la main d’œuvre de l’agriculture et du textile. Au XIX° siècle, les bancs d’espadrilleurs y encombraient les rues alors que les places s’animaient les jours de fête au son aigrelet des instruments de la cobla jouant les traditionnelles sardanes.
Jetez un œil sur la place verdoyante du Verger, veillée par la Tour de Mir, sentinelle de la vallée, et sur l’ancien chemin qui menait aux Bains de la Preste, lovés au pied du pic du Costabonne, montagne « sacrée » des gens de Prats.
Terminez par la charmante Placeta del Rei où bruissent l’eau du lavoir, celle du torrent et les murmures des gens d’ici qui prennent le frais à l’ombre des remparts.
De retour dans la Ville Basse, la découverte de l’église Saintes Juste et Ruffine est incontournable : son immense toiture en hérisson, ses contreforts fortifiés et les ors de son imposant mobilier, témoignages de ferveur, de prospérité et du talent des artistes baroques.
Enfin, terminez par la chapelle Saintes Juste et Ruffine dans la rue du même nom, non loin de la belle façade de la Mairie. Un charmant trompe-l‘œil, réalisé par Bernard Goût, résume l’histoire d’aqui : Josep de la Trinxeria, héros de la révolte des Angelets, scrute l’horizon ; le bel Apollon chante les bénéfices de l’eau de la Preste ; l’ours de la fête qui signe le retour du Printemps escalade le balcon.
Pour profiter de Prats-de-Mollo-la Preste qui s’anime au rythme des festivals, des démonstrations équestres estivales et de la musique des coblas et des bandas, il faudra sans aucun doute revenir !